Il m'a fallu la matinée pour rejoindre Nagasaki, seconde étape de mon parcours. D'abord un Shinkansen jusqu'à Hakata, puis un train local qui finit par longer la mer. Affamé au sortir de ce long trajet, je suis entré dans le premier restaurant que j'ai croisé, où j'ai commandé au hasard sur un menu non-traduit. J'ignore donc ce que j'ai mangé, au reste assez indescriptible sans être foncièrement mauvais, peut-être un peu lourd pour le climat.
Dès mes forces reprises, je suis allé me jeter de nouveau dans les horreurs nucléaires, avec le remarquable hall mémorial pour la paix, architecture futuriste pour un hommage digne et très pudique doublé d'une documentation moderne et originale.
La colonne que l'on voit au centre de la photo contient dans des registres les noms des victimes de la bombe, liste régulièrement mise à jour puisque les séquelles des radiations continuent de faire des victimes, plus de soixante ans plus tard.
J'ai laissé un message pour la paix via un écran tactile qui permettait texte, dessin et photo, j'en ai lu beaucoup. Très émouvant.
Le musée de la bombe atomique ressemble beaucoup à celui d'Hiroshima, avec une documentation plus pléthorique. Le temps de tout regarder, il était plus de 16 h quand j'allais prendre ma mignonne chambre japonaise au centre catholique.
De là j'avais vu sur la cathédrale Urakami située dans le quartier où la bombe a explosé. Achevée une première fois en 1925 après trente ans de chantier, elle était avant sa destruction la plus grande église d'Orient, pouvant accueillir jusqu'à six mille personnes. Le bâtiment qui la remplace, bien que plus modeste, reste la plus grande cathédrale du Japon, pour un résultat impressionnant et joliment décalé.
Mon sac enfin allégé, j'ai traversé le parc de la paix qui accueille plusieurs oeuvres commémoratives offertes à la ville par différents pays, ainsi que la massive statue de la Paix de Kitamura Seibo.
A quelques pas se trouve le parc de l'épicentre, où une stèle de marbre indique l'endroit précis au-dessus duquel la bombe a explosé.
Un tramway me mena ensuite au centre-ville, où j'ai pu parcourir Chinatown puis les Dutch Slopes, encore appelées Hollander Slopes, ruelles sinueuses très européennes abritant quelques maisons de notre cru.
Mais la fatigue m'a rattrapé et c'est avec un plaisir non dissimulé que j'ai savouré quelques bières Kirin (pourtant fort mauvaises) sur le port de Nagasaki, pendant que le soleil se couchait nonchalamment derrière les collines qui barrent la ville à l'ouest.